1972 – 2022
50 ans d’écologie mondiale
l’essentiel reste à faire
1972 a été une année cruciale pour l’écologie. Au moment où Franz Weber fondait « Sauver Lavaux » se déroulait à Stockholm la première conférence mondiale sur l’environnement dont l’un des résultats fut la création du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement, pilier de la coopération internationale qui a donné naissance aux plus importants accords multilatéraux sur les déchets, les produits chimiques, la biodiversité et le climat. Cet événement a émergé de la prise de conscience des dégâts causés à la Nature par nos sociétés industrielles lors du boom économique des « trente glorieuses » (1945 – 1975).
La même année 1972 était publié le rapport Meadows sur « Les limites de la croissance ». Commandé par des personnalités des milieux économiques et scientifiques réunies dans le Club de Rome ce rapport montrait que tous les scénarios de croissance économique et démographique conduisent tôt ou tard à un effondrement. Les courbes calculées alors par ordinateur n’ont pas été démenties par la réalité et nous constatons aujourd’hui que l’effondrement de la biodiversité, les déforestations, la désertification des sols, la perturbation du cycle de l’eau, la pollution des mers et l’accumulation du CO2 dans l’atmosphère, tous ces phénomènes étant liés entre eux, mettent en danger la prospérité de nos sociétés.
Vingt ans plus tard le sommet de la Terre à Rio de Janeiro nous a fait espérer une réconciliation entre l’activité économique et la protection de l’environnement sous le vocable du développement durable. Nous devons malheureusement constater aujourd’hui que le concept de développement durable a surtout servi à camoufler les dangers de la croissance en créant une illusion technologique, solution de facilité qui fait croire que les progrès techniques nous sortiront de l’impasse sans besoin de modifier plus profondément nos valeurs et nos comportements.
La question du climat a plus récemment donné un nouvel élan au débat écologique, mais en concentrant l’attention sur ce seul phénomène elle a fait passer au second plan la Nature (dégradée en biodiversité) et masqué l’urgence de la protéger. De plus elle a renforcé le discours technophile au point de favoriser au nom de la lutte contre les changements climatiques des projets contre la Nature : pour le climat on coupe des arbres centenaires pour faire passer des trams à côté d’une route, on promeut de nouvelles installations hydroélectriques au détriment des dernières rivières sauvages et on veut faire passer en force l’altération de nos plus beaux paysages par d’inefficaces et coûteuses éoliennes.
Pour redresser la situation, sortir de l’idéologie de la croissance et mettre en place un projet de prospérité sans croissance il faut réconcilier l’humanité avec la Nature, car en nous reliant physiquement, émotionnellement et spirituellement à la Nature nous sommes nourris d’une plénitude qui nous permet d’échapper à la compétition et à la frénésie de consommation qui détruisent la Planète.
Il n’y aura pas de progrès significatif dans le domaine de l’environnement sans une solide protection de la Nature source de toute vie et seule à même d’absorber et de compenser nos excès. C’est pourquoi le combat indépendant, intrépide et compétent que mènent quotidiennement la Fondation Franz Weber et Helvetia Nostra avec votre indispensable soutien moral et financier est essentiel et d’intérêt public.
Philippe Roch
Journal Franz Weber février – mars 2022