Appel spirituel de Genève
17 décembre 2011
Une terre, tous responsables
La diversité des religions est à l’image de la diversité des cultures, elles-mêmes reflets de la diversité de la nature. Cette diversité est le résultat d’une évolution qui, à partir de structures communes à tout l’univers et à toutes les formes de vie, explore en permanence toutes les possibilités qui s’offrent à elle, tout en conservant l’acquis. Cette diversité n’est pas un obstacle, mais une richesse. Elle constitue l’un des principes fondamentaux de la vie.
Quelle que soit la porte que nous empruntions pour entrer dans la diversité du monde des religions, nous trouvons au-delà des différences culturelles, et cultuelles, une grande unité de notions et de valeurs.
Toute religion rend grâce à Dieu pour l’inestimable cadeau que nous avons reçu en commun, la nature.
Expression de la générosité divine, la nature couvre plus que largement tous nos besoins matériels ; il nous est permis d’en user, mais pas d’en abuser, et nous sommes appelés à partager équitablement les biens qu’elle nous offre.
La nature constitue aussi une source spirituelle ; à travers elle le Créateur nous adresse des messages universels de sagesse. Le pape Jean-Paul II n’a-t-il pas écrit : « La nature devient alors un Evangile, qui nous parle de Dieu », et encore, « Dans le mouvement paisible et silencieux, mais riche de vie, de la nature continue de palpiter la satisfaction originelle du Créateur. »
Cette double générosité de la nature, matérielle et spirituelle, nous inspire l’émerveillement, la reconnaissance et la joie, fondements de tout acte religieux, résultats de toute spiritualité.
Mais alors, d’où vient le mal ?
Le mal, le diable, n’est pas un personnage caché, rouge, cornu et doté d’une longue queue fourchue ; le diable, le mal est ici et maintenant. Il porte les noms des caractéristiques dominantes de notre société : le matérialisme, la cupidité, l’orgueil. Ce sont elles qui provoquent la compétition, l’injustice, la destruction de la nature, dont les effets pervers suscitent les frustrations, les peurs et finalement l’intolérance et les fondamentalismes.
Le mal se combat par les valeurs que nous inspire une spiritualité reconnaissante, joyeuse et généreuse : le respect, la tolérance, la sobriété, le partage. Ce combat est à vivre jour après jour, contre le courant dominant. Nous ne sommes pas des saints, en tous cas pas moi, mais si nous tentons chaque jour de remplacer la compétition par la coopération, la cupidité par le partage, l’avidité par la modération, l’arrogance par l’attention, la négligence par le respect, l’égoïsme par la générosité, l’inquiétude par la joie et la reconnaissance, la peur par la confiance, l’indifférence et la haine par l’amour, alors nous nous engageons pour la paix entre les humains, et pour la paix avec la Terre.
Philippe Roch