L'an dernier, nous avons espéré que la course Paris Dakar avait définitivement succombé à son absurdité. Eh bien non, la course a redémarré, en Amérique du Sud cette fois.
En décembre dix mille conférenciers se réunissaient à Poznan, en Pologne, pour tenter de donner une réponse à la menace des changements climatiques. Résultats bien maigres pour un problème planétaire pourtant urgent: une décision de poursuite des négociations et une tirelire pour acheter le droit de polluer. Un mois plus tard soixante mille personnes assistent au départ de ce Dakar américain et des millions de téléspectateurs et de lecteurs sont abreuvés quotidiennement de ce culte à la vitesse, au bruit, à la pollution, au gaspillage.
Cette année, au moins, il n'y aura pas de sacrifices humains dans les villages d'Afrique de l'Ouest. Mais comment peut-on néanmoins croire encore en l'humanité et en sa capacité de prendre son avenir en mains, de respecter la nature, de réduire les pollutions, de sauver la planète, lorsqu'on déploie tant d'énergie et de moyens pour ce crime contre la décence?
Il y a tant de profiteurs, de lâches et d'abrutis autour de cette course, qui entraîne avec elle les marchands de matériel, de voitures, de spectacle et d'information, que personne n'a le courage de l'arrêter. Honte à eux! Honte à tous les profiteurs et les complices du Dakar! Quelle chaîne de télévision, quelle station de radio, quel journal aura le courage de dire non à ce scandale indigne du XXIe siècle?