A chacun son métier
Les dirigeants des Etats industrialisés ont été capables en quelques semaines de débloquer des sommes astronomiques pour soutenir à bout de bras une économie virtuelle qui s’écroule sur elle-même ? Cet interventionnisme étatique est en contradiction totale avec l’idéologie assénée depuis des décennies par les mêmes milieux dont le néolibéralisme prétend pouvoir se passer de l’Etat et compter sur le mythe de la main invisible inventé au XVIIIe siècle par Adam Smith pour que l’addition des égoïsmes individuels serve l’intérêt général. En cas de crise ils font pourtant appel à l’argent public, tout en affirmant que la banque n’est pas le métier de l’Etat. Quand il y a des milliards à gagner, on n’est pas à une contradiction près !
Le malheur veut que pour financer l’opération et relancer la machine, on est prêt à sacrifier les modestes progrès faits ces dernières années pour préserver notre capital le plus précieux, celui de la vie, de la nature, de l’environnement. L’Union européenne parle de réduire les objectifs de la politique climatique, et le Département des finances fait encore pression sur les maigres budgets de la protection de l’environnement. Or l’urgence est bien davantage de ce côté. Puisque la main publique est capable de dégager tant d’argent, qu’elle fasse son métier comme le lui demandent les banquiers et qu’elle investisse dans le développement des technologies douces, de l’énergie solaire, des transports publics, dans la protection et la restauration des paysages et de la nature, dans le cycle de l’eau et dans une agriculture multifonctionnelle, productrice de nourriture et de beauté. C’est là qu’il faut mettre l’argent public, et non pas dans le prochain grand casino des banques d’affaire.