Combien de kilomètres devez-vous parcourir de chez vous pour rencontrer un buisson de ronces ? Coupées, arrachées, empoisonnées, brûlées, elles subissent la guerre totale jusqu'à leur disparition complète des jardins et des parcs. Et pourtant elles sont si généreuses. Au prix de quelques égratignures si on leur manque de respect, elles s'offrent à nous toute l'année avec générosité.
Au mois de juin elles fleurissent juste après les tilleuls, offrant une provende indispensable aux abeilles. Dès fin juillet elles se couvrent de mûres délicieuses pour nos desserts, gelées, sirops et glaces, et surtout elles permettent aux fauvettes de constituer les réserves de graisse dont elles ont besoin pour leur migration lointaine.
On peut boire une tisane de feuilles de ronces pour soulager des problèmes digestifs, et l'utiliser en gargarisme contre les angines, les pharyngites et les aphtes ; en hiver les ronces sont parmi les seuls végétaux verts disponibles pour les chevreuils et les lièvres.
Le roncier offre aussi une protection aux animaux, serpents, lézards, oiseaux et mammifères contre la pression des humains et de leurs chiens. Un après-midi ensoleillé de la fin de l'hiver j'ai même entendu un sanglier ronfler paisiblement sous un roncier au bord du chemin.
Qui ose prétendre que ces plantes n'ont pas de dignité ? Laissons leur donc de la place partout où cela est possible : jardins, bords de chemin, lisière de forêt, parcs publics.