La dignité des plantes
La Constitution fédérale (Art. 120) fait une obligation de respecter la dignité et l’intégrité des êtres vivants. Cette disposition nous aide à définir le respect que nous devons aux animaux dans la recherche (expérimentation animale), la production agricole (viande, modifications génétiques) ou les loisirs (combats de coqs, corrida). La question est plus délicate en ce qui concerne les plantes. Une commission d’éthique s’est penchée sur l’interprétation de ce texte. Elle a déterminé trois manières de donner une valeur à une plante : la valeur instrumentale, basée sur l’utilité de la plante pour l’humanité, qui s’applique par exemple au blé, la valeur rationnelle, donnée arbitrairement par l’homme, qui préfèrera une rose au chiendent, ou encore une valeur morale, intrinsèque à la plante, indépendante de ce que pensent les humains, selon laquelle toute plante mérite respect.
Certains m’ont dit : mais comment peut-on perdre son temps avec des questions aussi futiles, alors que des milliers de gens meurent de faim chaque jour ? Ma réponse est claire : c’est justement notre position immorale vis-à-vis de la nature qui est la cause de nos malheurs. Si l’humanité respectait mieux pour elle-même la nature qui nous nourrit si généreusement, au lieu de l’exploiter brutalement et de la détruire par les déforestations, les pollutions et l’érosion des sols, personne ne mourrait de faim sur terre. Ainsi la dignité des plantes n’est pas un sujet futile, mais une question essentielle pour l’avenir de l’humanité.