Les rossignols et les grillons ont chanté toute la nuit. A l'aurore, houp-houp, houp-houp-houp, deux ou trois fois. La huppe s'est manifestée.
Disparue du Plateau pendant de nombreuses années, ce magnifique oiseau rose, noir et blanc est de retour. Pas par hasard. La huppe niche dans les trous de vieux murs ou de vieux arbres et nourrit sa nichée de gros insectes capturés au sol, dans des prairies naturelles.
Le retour de la huppe est le résultat très concret d'une nouvelle politique agricole, plus proche de la nature, qui laisse des bandes herbeuses le long des champs, des surfaces en friche et des herbes sauvages dans les cultures de céréales et les vignes. Davantage de végétation sauvage, moins de pesticides, et toute une chaîne alimentaire se reconstruit.
Nos belles campagnes ne tombent pas du ciel. Elles sont le fruit du travail des paysans, grâce à une agriculture multifonctionnelle, qui coûte un peu plus cher que la production de poulets en batterie chinois et grippés, ou que la culture de céréales en vastes monocultures à coup de chimie et d'OGM.
Avenir Suisse, cette organisation créée par les grandes entreprises dont les CEOs gagnent chacun plus de 500 fois le salaire d'un paysan, a décrété que l'agriculture suisse est trop chère. Ces comptes d'épiciers ne nous détourneront pas de notre gratitude envers les paysans suisses qui produisent des aliments de qualité dans un paysage préservé.
Philippe Roch