1er Août 2007 Fête nationale suisse
Onex
Prenons soin de nous et de la terre
Bonsoir.
Je remercie la mairie d’Onex, et tout particulièrement René Longet de m’avoir invité à partager cette soirée du 1er août avec vous. J’ai partagé avec René les premières heures de la protection de l’environnement au milieu des années 60, et depuis nous sommes restés de fidèles amis et fidèles à la cause à laquelle nous croyons. Je dois ajouter que René Longet est un pionnier du développement durable, puisqu’il a avant tout le monde tenté une synthèse entre la protection de l’environnement et la justice sociale.
Je suis aussi heureux d’être avec vous parce que j’ai été confronté à une grave maladie au début du mois de mai, et que la vie a décidé de m’accorder un sursis. J’en apprécie d’autant plus chaque jour qu’il m’est donné de vivre. Cette épreuve m’a convaincu de me débarrasser de tout ce qui m’encombre pour simplement être.
Être reconnaissant Être en paix, avec moi-même et avec les autres Faire de chaque rencontre un moment de lumière et de chaleur
Je vous remercie de m’accueillir dans votre commune où je me sens un peu chez moi, car j’ai gambadé, comme enfant du Grand Lancy voisin, entre les rives de l’Aire et les rives du Rhône, à la recherche des insectes, des grenouilles, des serpents, des oiseaux et des blaireaux.
Nous sommes réunis ce soir pour fêter la Suisse. Mais quelle est donc cette Suisse ? Et que voulons-nous faire de ce pays ?
Je vous propose trois mots : communauté, nature et respect. Si vous ne retenez que ces trois mots de mon discours, j’en serai ravi.
La communauté
La Suisse n’est pas une grande nation. Elle s’est construite au cours des siècles par un assemblage de petites communautés d’une grande diversité, qui ont appris à vivre ensemble, à se tolérer, à s’entraider et même à s’apprécier. La diversité des langues, des cultures, des origines, des destins est l’essence et la richesse de notre pays. L’histoire et le succès de la Suisse sont un processus d’inclusion, d’intégration, d’enrichissement par des apports extérieurs qui apportent de nouvelles compétences, de nouvelles forces, et qui s’intègrent en renforçant notre communauté. L’avenir de la Suisse dépend de notre capacité d’intégrer les nouveaux venus qui souhaitent vivre dans notre communauté.
Au contraire, l’isolement, l’exclusion et la haine sont contraires aux traditions de notre pays et conduiront à sa destruction si nous ne nous opposons pas avec fermeté à ceux qui répandent une telle politique.
La nature
Lors de mes nombreuses ballades dans la campagne genevoise, j’ai vu au cours des derniers 50 ans l’évolution de ce plateau agricole qui est devenu une ville. Je me suis aussi engagé pour la protection des rives du Rhône et de l’ancien golf, afin que nous puissions encore avoir une expérience de la nature, de la liberté. Bien que la Suisse soit devenue majoritairement urbaine, elle conserve un héritage alpestre et campagnard qui reste très présent dans le cœur de la plupart des habitants de ce pays. Cet héritage nous a appris la valeur de la terre, la valeur de la nature, de l’eau, des forêts. C’est ce qui peut expliquer que nous ayons pris très tôt des mesures de protection de l’environnement, et que malgré les blessures infligées à nos paysages, la Suisse reste un beau pays et Onex une belle commune. Il y a juste 20 ans le peuple et les cantons ont adopté l’initiative de Rothenturm, contre l’avis du Conseil fédéral et du parlement, pour sauver les marais et les paysages marécageux, qui sont parmi les plus beaux sites de notre pays.
Ne nous laissons pas entraîner dans une société de consommation superficielle, de gaspillage, qui appauvrit la planète et salit notre propre maison, la Terre. Nous dépendons entièrement de la nature, même si notre vie artificielle nous le fait parfois oublier. La nature est non seulement indispensable à notre survie, elle est aussi une condition essentielle de la qualité de vie dans notre pays. Si nous ne respectons pas celle qui nous comble chaque jour de sa générosité, comme notre mère, elle finira pas s’effondrer, et il sera trop tard pour la ranimer.
Le respect
Nous ne pouvons imaginer un avenir prospère que si nous respectons la diversité de notre communauté humaine et la diversité de la nature.
Ce sont l’orgueil, l’arrogance, l’appât du gain, les frustrations, l’agressivité, l’ignorance et l’exclusion qui détruisent notre société et la nature.
Ce sont l’intérêt pour l’autre, le partage, la frugalité, la joie de vivre, la reconnaissance, le respect qui créent une société harmonieuse et durable.
Ce que je vous ai dit de la Suisse est un peu idyllique, parce que la réalité n’est pas aussi claire et nette. Notre pays et ses habitants connaissent bien des problèmes.
Mais nous pouvons faire notre projet commun de restaurer les valeurs fondamentales de notre pays, pour y vivre mieux aujourd’hui, tous ensemble, et pour les générations à venir.
Communauté et respect
entre nous
avec la nature