Le peuple suisse s’est clairement exprimé en faveur d’une transition
énergétique qui vise une diminution de la consommation d’énergie et le
remplacement progressif des énergies fossiles par des énergies
renouvelables.
Cette transition doit être réalisée en accord avec d’autres priorités
écologiques, économiques et sociales qui concernent la protection de la
nature et du paysage, la santé humaine, l’efficacité énergétique et les
coûts de production.
Quelle production éolienne ?
Le peuple suisse s’est prononcé sur des objectifs généraux sous forme
de valeurs indicatives, mais pas sur la contribution spécifique de
l’éolien. Le Conseil fédéral indiquait toutefois dans son message un
potentiel de production des nouvelles énergies renouvelables de 24,2 TWh
d’ici à 2050, dont 11,1 TWh pour le photovoltaïque, 8,8 TWh pour la
biomasse, la géothermie et les stations d’épuration et 4 TWh pour
l’éolien, soit pour ce dernier 7,5 % de la production totale
d’électricité attendue en 2050. Pour parvenir à cette production il
faudrait construire, en se basant sur les éoliennes projetées dans la
statistique de Pronovo environ 1000 éoliennes industrielles d’une
puissance nominale moyenne de 2,3 MW.
Lorsqu’elles fonctionnent les éoliennes produisent une importante
quantité d’électricité à forte puissance. C’est à la fois un avantage et
un inconvénient car, comme la production est intermittente, elle
nécessite d’importantes lignes à haute tension qui seront utilisées au
mieux un quart du temps.
Un coût exorbitant
Le coût de production de l’électricité éolienne est très élevé, entre
20 et 30 ct le kWh, et il n’y a pas de perspective de réduction des
coûts par le progrès technique comme cela est le cas pour l’énergie
solaire. Si l’électricité est produite à un moment où elle n’est pas
utilisée, il faut recourir au pompage-turbinage qui occasionne une perte
de 25% d’électricité et augmente les coûts de l’ordre de 50 %.
Il est étonnant que les compagnies d’électricité investissent dans
cette forme d’énergie alors qu’elles ont de la peine à rentabiliser
leurs barrages qui produisent à 5ct le kWh. Il n’y a donc pas d’intérêt
économique de construire des éoliennes industrielles en Suisse sans un
subventionnement massif assuré par le mécanisme RPC / Pronovo sur le dos
des consommateurs.
Générations futures
La Suisse étant densément peuplée et fortement équipée
d’infrastructures, les territoires restés proches de la nature sont
devenus rares. Or c’est en général justement dans ces territoires que
sont prévues les installations éoliennes.
Les éoliennes que nous construisons aujourd’hui ne serviront à rien
pour les générations futures, car leur durée de vie est d’une trentaine
d’années. Par contre les générations à venir auront grand besoin d’une
nature et de paysages intacts pour assurer leur bien-être, garantir les
équilibres écologiques et protéger la diversité biologique.
Les inventaires fédéraux des paysages et des biotopes d’importance
nationale sont les seules garanties que la nature et le paysage seront
sauvegardés sur une surface minimale de notre pays. Il est plus
important que jamais d’assurer la protection des ces espaces.
Que faire ?
Commençons par appliquer les mesures d’économies décidées dans la SE
2050, et évitons de promouvoir de manière déraisonnable de nouvelles
consommations d’électricité pour l’informatique, le chauffage et la
mobilité.
Développons en priorité les autres énergies renouvelables moins
dommageables pour la nature comme le solaire, la biomasse et la
géothermie, dont le potentiel est beaucoup plus élevé que celui de
l’éolien.
Sur le plan économique il est absurde d’investir de l’argent non
rentable dans la destruction de nos plus beaux paysages alors que nos
voisins, allemands en particuliers, ont des surplus d’électricité
renouvelable qu’ils bradent à très bas prix. Nous n’avons pas besoin de
cette production éolienne pour les 30 ans à venir, ce qui correspond à
la durée de vie des éoliennes et à l’échéance de EN 2050.
Nous pouvons certainement envisager la construction d’éoliennes dans
des sites où leur impact est moindre pour une production complémentaire
aux autres formes d’énergies renouvelables, mais certainement pas dans
les proportions annoncées par le Conseil fédéral.
Conclusion
Une pesée des intérêts dans le domaine de l’éolien montre qu’une
production intermittente et très coûteuse d’électricité ne justifie pas
une dégradation des nos plus beaux paysages, des impacts négatifs sur la
faune, en particulier les oiseaux et les chauves-souris, et des
nuisances pour les populations qui vivent à proximité ou utilisent ces
territoires pour leurs loisirs et leur détente.
En conclusion chaque projet d’éoliennes industrielles doit faire
l’objet d’une pesée d’intérêts qui permette d’éviter des atteintes à la
nature, aux paysages et à la santé humaine pour une production
d’électricité inefficace et coûteuse. Chaque projet doit faire l’objet
de cette pesée d’intérêts sur la base d’évaluations sérieuses et
indépendantes.