La nature est malmenée dans cette stratégie
Philippe Roch
Je me lève pour défendre la nature, qui est malmenée dans cette
stratégie et que presque plus personne ne défend dans le monde
politique. La loi ouvre la porte à une atteinte majeure à la nature pour
une production minime et aléatoire d’énergie par mille éoliennes
géantes installées dans les plus beaux paysages. Pour forcer ce funeste
projet, la loi prévoit un affaiblissement de la protection de la nature
et du paysage en déclarant d’intérêt national toute installation de
production d’énergie renouvelable; elle raccourcit dramatiquement les
délais de traitement des dossiers par les instances qui ont la tâche
difficile de procéder à la pesée des intérêts, comme la Commission
fédérale pour la protection de la nature et du paysage. La Loi sur les
forêts a déjà été affaiblie dans le même but. Nous vivons le dernier
assaut contre la nature, et cette fois au nom de l’écologie.
La construction massive d’éoliennes en Suisse n’est pas une bonne
solution pour la transition énergétique. L’éolien produit de manière
intermittente de fortes puissances difficiles à gérer. L’argent investi
dans les éoliennes ne reste pas en Suisse puisqu’elles sont construites,
installées et gérées par des compagnies allemandes et danoises. Est-il
judicieux de subventionner des compagnies étrangères à 20 ct./kWh au
lieu d’acheter du courant éolien allemand au prix du marché, soit entre 0
et 4 ct./kWh? En effet, l’Allemagne exporte 40% de son électricité
renouvelable, soit 50 TWh par an.
Une augmentation des autres énergies renouvelables prévues par le
Conseil fédéral peut facilement couvrir la part prévue pour les
éoliennes, en particulier le solaire photovoltaïque. Il y a suffisamment
de toits, notamment industriels et agricoles, pour faire 50% de plus,
moins cher et sans aucun dommage à la nature.
Il faut savoir en outre que nous sortirons du nucléaire au même
rythme avec ou sans cette stratégie. Les centrales actuelles seront
progressivement débranchées et personne ne veut construire une nouvelle
centrale dans notre pays.
Les objectifs du Conseil fédéral sont peu réalistes. Il faudra mettre
en place une gigantesque bureaucratie pour essayer de les atteindre.
Prenez la peine de lire un ou deux articles de la loi pour vous en
persuader.
Voici les raisons pour lesquelles il faut renvoyer cette loi à ses
auteurs afin qu’ils en corrigent les défauts. On ne peut pas faire de la
bonne écologie contre la nature.
Publié dans la Tribune de Genève le 6 mai 2017