La Suisse, notre jardin
La Suisse n’a depuis longtemps plus d’espace vierge à conquérir, dans lequel nous pourrions laisser libre cours à tous les projets de développement et de constructions. Le sol limité sur lequel nous vivons en appelle à notre responsabilité. Nous ne pouvons pas penser la Suisse en termes de croissance, sans nous poser la question de l’équilibre que nous souhaitons, entre équipements, logements, infrastructures d’une part, espace, verdure, beauté et calme d’autre part. C’est le rôle de l’aménagement du territoire, un domaine sous-développé, qui laisse aujourd’hui le champ libre à une multitude d’intérêts particuliers qui s’additionnent à court terme et détériorent notre cadre de vie.
Ce n’est pas par hasard que la tradition biblique a utilisé la métaphore du jardin pour signifier le paradis, un monde heureux, pacifique et prospère, et que le Coran cite 147 fois le mot janna, qui signifie à la fois jardin et paradis. Le jardin est le résultat harmonieux d’une tension entre l’homme et la nature. Il demande des soins, de la bienveillance, de la retenue, pour que la force et la diversité de la nature s’équilibrent avec les ambitions de la société humaine.
Nous devrions soigner notre pays comme notre jardin commun, y cultiver la beauté, la diversité et l’harmonie, réaménager des agglomérations agréables, compactes et soignées, confier l’entretien de la campagne à une agriculture familiale et multifonctionnelle, et conserver suffisamment d’espaces sauvages, parce que, n’obéissant pas à nos règles, ils nous offrent l’évidence que la vie ne s’arrête pas à nous, qu’elle est plus vaste, et que nous partageons un destin commun avec un ensemble qui nous dépasse.