Assis au sommet de la grande pyramide de Chichen Itza, je contemplais le pays Maya. Autrefois les populations empruntaient les chemins qui sillonnent la vaste forêt pour assister à des cérémonies religieuses au cours desquelles on procédait à des sacrifices humains.
Aujourd'hui je suis assis sur un autre temple, suisse et moderne celui-ci. Je contemple un immense réseau de chemins bétonnés et goudronnés sur lesquels des millions de gens s'affairent. Plus de 700'000 d'entre eux feront cette année un pèlerinage au Temple de l'Automobile. Les rites sont très semblables : il y a les plus hauts dignitaires politiques, les grands prêtres (les importateurs), de très nombreuses vierges qui entretiennent la dévotion des visiteurs envers le Graal. Chacun peut rentrer du pèlerinage avec une relique, qu'il va vénérer pendant toute l'année dans sa chapelle (son garage), choyer et nourrir (d'essence).
Autrefois les religions dictaient des règles de comportement de la communauté. Aujourd 'hui c'est l'automobile qui dicte ses lois, impose ses voies, encombre les cités, envahit les campagnes et les montagnes, organise la vie du peuple et nous pompe notre air.
Et elle exige son tribut de sacrifices humains, bien plus nombreux que ceux des civilisations anciennes : pour la seule année 2005 409 morts et 26'754 blessés en Suisse, 32'900 morts et 1'571'000 blessés en 2004 pour l'Europe des 15.