Essai nucléaire en Suisse
La Suisse a condamné à juste titre la Corée du Nord qui défie le monde avec un essai nucléaire souterrain. Mais la Suisse s’apprête à effectuer elle aussi un essai nucléaire, d’une autre nature et en plein air.
Le Conseil fédéral doit se prononcer prochainement sur la prolongation illimitée de l’autorisation d’exploiter la centrale nucléaire de Mühleberg, la plus ancienne de Suisse (1972) après celle de Lucens qui a fondu comme à Tchernobyl, heureusement en plus petit, au fond de sa grotte en 1969.
Cette prolongation est dangereuse car la centrale est d’ancienne technologie. Son cœur de béton qui contient l’eau de refroidissement radioactive est fissuré et il a fallu installer des tirants sur le cœur d’acier, dont les soudures sont aussi fissurées, pour tenir ensemble les pièces en cas de rupture.
Poursuivre son exploitation au-delà de l’échéance prévue de 2012 est donc objectivement dangereux. Absurde aussi, car Mühleberg est la plus petite de nos centrales nucléaires. Renoncer à ses 350 MW est réalisable en adoptant des ampoules électriques économes, ou en installant des panneaux solaires sur nos maisons pour produire de l’eau chaude. Ce sont des mesures simples, sans danger, qui ne coûteraient pas davantage que la remise en état de la vieille centrale et qui augmenteraient notre sécurité et notre indépendance énergétique.
Le Conseil fédéral, les partis politiques et les compagnies électriques, qui sont essentiellement en mains publiques, ont là une occasion rêvée de prouver qu’ils ont vraiment pris le chemin du développement durable.