Le vote du Conseil national à 4 voix près pour le maintien de la lex Koller , qui interdit théoriquement la vente de biens immobiliers aux étrangers non résidents en Suisse,révèle un grave malaise en matière d'aménagement du territoire. Cette loi s'est montrée inefficace, puisque sous la pression de la croissance et de la spéculation la destruction des espaces naturels continue au rythme de 1m2 par seconde. A part quelques îlots protégés grâce à la sagesse populaire qui a approuvé l'initiative de Rothenthurm il y a 20 ans,la plus grande partie des paysages de notre pays ont été dégradés ou complètement détruits. Nous avons couvert le Plateau de constructions et bâti des villes à la montagne, et cela continue de plus belle avec les projets pharaoniques de Gryon, de Montana-Aminona, de Bruson, d'Anzère, de Nendaz, de Champéry et d'Andermatt qui devraient créer plus de 13'000 lits supplémentaires en montagne pour plus de deux milliards de francs. Est-ce vraiment cette Suisse-là que nous voulons ? Il est temps de remplacer la lex Koller par un renforcement de la loi sur l'aménagement du territoire et de lancer un débat national sur l'avenir de ce pays. L'aménagement du territoire nous permet de décider ensemble de la terre que nous voulons transmettre à nos descendants. Inspirons-nous des Indiens d'Amérique du Nord qui avaient coutume de ne prendre une décision qu'après avoir considéré ses effets sur les 7 prochaines générations. Il faut maintenir des espaces libres, une nature sauvage, une vaste campagne, car l'extension des surfaces bâties limite notre liberté et promet aux générations futures un avenir bétonné au sens propre et figuré.