Il m'est souvent demandé d'expliquer pourquoi la Suisse a été un modèle en matière d'environnement. Je vois une première raison dans l'histoire d'un peuple qui a longtemps été principalement paysan et montagnard, certes confronté à la nature, mais proche d'elle et respectueux de sa force et de sa beauté. Cette âme suisse s'est développée au XIXe siècle avec l'élan romantique des touristes anglais et d'artistes locaux comme Calame et Hodler, et au XXe siècle avec le sentiment national renforcé pendant les deux guerres mondiales.
La deuxième raison tient à la démocratie directe qui a favorisé une culture du dialogue et du consensus, facteurs d'équilibre, ennemis des excès. Le peuple a ainsi souvent démontré sa sagesse en réagissant contre les abus du développement, dans une série de votations, tout au long du XXe siècle, pour protéger les forêts, lutter contre la pollution des eaux et la pollution de l'air, renforcer la protection de la nature et adopter un moratoire sur les OGM.
Malheureusement au moment où les questions environnementales sont devenues plus évidentes que jamais, le respect des Suisses pour leur patrimoine écologique faiblit : la démographie, les constructions, la course à l'argent, la consommation et le trafic automobile enlaidissent nos paysages et restreignent chaque jour davantage nos espaces de liberté, sans que la politique se montre capable de réagir avec efficacité. Il est encore possible de se ressaisir, et de rétablir une Suisse modèle de beauté et de qualité écologique. Mais il faut pour cela faire les bons choix, personnels et politiques.