15 mars 2014
Après avoir été boudée par les opérateurs, l'énergie éolienne a le vent en poupe. D'une trentaine de mâts aujourd'hui, la Suisse pourrait se doter de plusieurs centaines d'éoliennes dans les prochaines années. C'est sans compter les mouvements de résistance qui semblent se renforcer de jour en jour. Qui sont ces opposants et que reprochent-ils à ces machines censées pourtant produire une énergie propre? "Prise de Terre" est allé à leur rencontre.
Avec un peu moins d’une quarantaines d’installations représentant une puissance totale de 60MW, l'énergie éolienne en Suisse représente un peu moins de 0,2% de l'approvisionnement en électricité (source Suisse-Eole). Mais dans le cadre de la "stratégie énergétique 2050" du Conseil fédéral et dans la perspective de la sortie du nucléaire, SuisseEnergie s'attend à ce que cette proportion atteigne les 2% d’ici 2030.
Mais pour atteindre cette performance, ce sont des centaines de nouvelles éoliennes qui devront être montées. Dans cette perspective, le massif du Jura et ses crêtes restent la région la plus impactée par ces projets.
Exemple dans le canton de Neuchâtel où le peuple devra se prononcer le 16 mai 2014 sur le contre-projet du Conseil d'Etat qui prévoit l'implantation de 59 nouvelles machines réparties sur cinq sites. Regroupés au sein de l’association "Pro Crête", appuyés par plusieurs organisations environnementales, les opposants à ce projet font valoir le caractère naturel unique et protégé des sites.
Pour comprendre, François Bonnet, le président de "Paysage Libre", fédération de l'anti-éolien et fondateur des Verts neuchâtelois en 1983, a accompagné Lucile Solarisur le site de Tête-de-Ran, un site naturel très prisé des touristes et où sept éoliennes sont prévues.
Puis, direction Peuchapatte où trois éoliennes dominent le paysage depuis 2010.Karine Froidevaux vit à moins de 500 mètres des installations; elle témoigne de l'enfer que les machines lui font subir au quotidien: bruit fracassant, effet stroboscopique, infra-son, sans compter l'atteinte au paysage.
Rencontre également avec Philippe Roch, auteur de "Eoliennes: des moulins à vent. Un chemin entre refus et démesure" (paru aux éditions Favre en 2011). L'ancien directeur du WWF et ancien secrétaire d'Etat à l'environnement fait figure d'éminence grise de l'anti éolien.
Opposé à la démesure des projets plus qu'à l'énergie éolienne elle-même, Philippe Roch en appelle a plus de bon sens, de dialogue et planification raisonné dans l’essor d'une énergie qui pour être verte n’en n’a pas pour autant tous les droits.
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